- LÉVITE
- LÉVITELÉVITETerme par lequel la Bible désigne ceux qui appartiennent à la tribu de Lévi, troisième fils de Jacob. Moïse et Aaron étaient issus de cette tribu. Chargés du service divin, les lévites n’eurent pas de portion prévue lors du partage de la Terre sainte: les dîmes versées par le peuple d’Israël pourvoyaient à leur entretien. Pourtant, quarante-huit villes, dont six étaient dites de refuge et servaient d’asile pour les meurtriers involontaires, leur furent attribuées par Josué; parmi elles, on comptait Hébron, Sichem et Golan (Josué, XXI). Dans le désert, les lévites portaient l’arche d’Alliance; en terre d’Israël, jusqu’à la construction du temple de Jérusalem, ils officiaient dans divers sanctuaires. Dans le Temple, ils étaient choristes, musiciens, gardiens, juges, artisans, mais restaient subordonnés aux lévites descendants d’Aaron (ou cohanim ), qui exerçaient le sacerdoce et bénissaient le peuple. Dans le service synagogal moderne, un lévite est appelé à la lecture de la Loi immédiatement après un cohen , le prêtre par excellence, dont le lévite est le desservant.1 ♦ N. m. Membre de la tribu de Lévi, voué au service du temple.2 ♦ N. f. (1781) Vx Longue redingote.I.⇒LÉVITE1, subst. masc.A. — RELIG. JUDAÏQUE. Membre de la tribu sacerdotale de Lévi voué au service du temple pour remplir des offices annexes au culte, sans avoir accès à l'autel. Le Lévi (...) n'était qu'une sorte de sacristain (...) Aussi la tribu de Lévi (...) contribuera-t-elle très peu (...) au progrès religieux : aucun grand prophète ne sera lévite (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, pp. 150-151). Les clans dont l'ensemble forme la tribu des lévites s'approprient chez le peuple hébreu les fonctions sacerdotales (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 158).B. — P. ext., rare et littér. Prêtre, clerc ou séminariste. Il faut (...) que votre jeune lévite obtienne d'abord de son évêque la permission d'entrer dans un séminaire autre que celui de son diocèse (HUGO, Corresp., 1821, p. 338). Ah! l'église sait choisir ses lévites, quel joli secrétaire d'ambassade il fera! (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 23). Le jour où l'Église a condamné ses lévites au célibat, elle a créé dans l'humanité un ordre de passions étranges, maladives, impossibles à satisfaire (SAND, Mlle de La Quintinie, 1863, p. 315).— P. métaph. C'est un bel inconvénient pour M. de Vigny de ne pouvoir, à aucun instant, se séparer de cette poésie dont il fut un des premiers lévites, et dont il est apparu hier aux yeux de tous comme le pontife fidèle, inaltérable (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 3, 1844-64, p. 405).Prononc. et Orth. : [levit]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « membre de la tribu de Lévi, voué au service du Temple » (Rois, éd. E.-R. Curtius, p. 198 [II Chron. 24, 5]); 2. 1690 p. ext. « prêtre, clerc » (FUR.). Empr. au lat. de la Vulgate levita, levites, et celui-ci au gr. des Septante
, dér. au moyen du suff. -
(-ite) de
« Lévi » (hébr.
) pour traduire l'hébr.
« lévite ». Au sens 2, empr. au lat. chrét. levita « (chez les chrétiens) clerc de rang inférieur, diacre » (BLAISE Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 132.
II.⇒LÉVITE2, subst. fém.A. — Robe longue, simple et ample, portée pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle. La révolution commença, et les modes eurent leurs saturnales; on rencontra dans le même salon (...) les femmes en lévite, en pierrot, en caraco, en robe à queue (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 278). Une troisième (...) indignée de (...) voir des robes si courtes, revêtit par contradiction une longue lévite; mais les mauvais plaisants diront qu'elle était de gaze (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 23). En entrant dans la première salle [chez Mme Cagliostro], chaque femme était obligée de quitter sa bouffante (...) et de vêtir une lévite blanche avec une ceinture de couleur (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 384).B. — Redingote d'homme ample et descendant jusqu'à mi-mollet. Les portières battent, les valets de pied balourds, en longues lévites, sautent de leurs sièges (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 282). Avant chaque repas, un clergyman âgé (...) se levait, rempli de bonhomie à la fois et de dignité dans sa lévite noire (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 152). Il était si laid, vêtu d'une grande lévite grise, d'où sortait la frange du pantalon jaune (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 127) :• De vieux juifs, comme on n'en rencontre qu'à Bydgoszcz, Zlatana ou Milowek, se faufilent le soir entre les livres. On s'étonne de les voir à Paris, vêtus de touloupes qui balayent le sol, le favori roulé, le cheveu huileux, la main tremblante (...). Affairés et rêveurs, ils vont et viennent dans la boue du ghetto, coiffés de petites toques à courte visière, enveloppés, enhaillonnés de longues redingotes aile de corbeau, de lévites funèbres.FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 101.Prononc. et Orth. : [levit]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1781 (LA TRÉMOÏLLE, Les La Trémoïlle, t. 5, p. 168 : Pour le blanchissage et le calandrage des 6 lévites de basin); 1782 (Journ. de Mulot in Mém. Soc. Hist. Paris, XXIX, 88 ds BARB. Misc. 18, 18 : M. de la Montagne [...] nous lut deux chants de poésie, intitulés la Lévite [De la Montagne, La Lévite conquise, poème en deux chants, Amsterdam, Paris, 1782]); 1782 (GENLIS, Adèle et Théodore, t. 1, p. 78 : elle n'a pour tout vêtement que sa chemise et une lévite de gaze ou de mousseline). Dér. de lévite1, en raison de la ressemblance de ce vêtement avec la robe que portaient les lévites dans les pièces de théâtre et sur les tableaux (FEW t. 5, pp. 290-291; BL.-W.). Cf. angl. Levite (1779 ds BARB. Misc., loc. cit.).lévite [levit] n. m. et f.ÉTYM. V. 1170; lat. ecclés. levites ou levita, mot hébreu.❖———I N. m. Relig. judaïque. Membre de la tribu de Lévi, voué au service du temple.1 Lui-même il (Dieu) nous traça son temple et son autel,Aux seuls enfants d'Aaron commit les sacrifices,Aux lévites marqua leur place et leurs offices (…)Racine, Athalie, II, 4.2 L'organisation administrative repose sur la tribu. Il y en a douze, plus une, celle des Lévites, qui assume les fonctions religieuses et se trouve donc éparse parmi les autres.Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, II, II.♦ (1690). Fig. et rare. Prêtre (→ Attarder, cit. 11, Mauriac).———II N. f. (1782; d'après la robe des lévites au théâtre). Vx. Longue robe de femme. — Longue redingote.3 (…) ses redingotes allongées rappellent les lévites de l'Empire (…)Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 79.4 Le commandant Tite-le-Long ne sortait plus de chez lui qu'enveloppé d'un pardessus trop grand, pareil à une lévite longue à souhait, traînant jusqu'aux pieds, qui avait appartenu à M. de la Popelinière, son beau-père (…)M. Jouhandeau, Tite-le-Long, XXI.❖DÉR. Lévitique.HOM. Formes du v. léviter.
Encyclopédie Universelle. 2012.